Biographie


Cette biographie a été réalisée en partie grâce aux ouvrages que vous trouverez dans cette bibliographie, mais aussi grâce à la biographie éditée par l'Amicale Jean Ray. Vous pouvez également lire la version - sensiblement plus romanesque - de Jean Ray en dévorant cette biographie racontée par ses soins.


        Jean Ray est né à Gand, dans le quartier du Ham, le 8 juillet 1887, de père (Edmond) employé à la gare maritime et de mère (Marie-Thérèse) institutrice. Il est le cadet de deux enfants, et sa sœur Elvire (qui inspirera plus tard le personnage de Nancy dans Malpertuis) est de trois ans son aînée. Signalons pour la petite histoire que son état civil complet porte en réalité le nom De Kremer, Raymundus Joannes Maria, c'est à dire Raymond Jean Marie De Kremer.
        Il effectue ses études primaires à l'école François Laurent, de 1894 à 1899. De cette période, rien de spécial à ajouter, mis à part le fait que c'est en 1896 que Jean Ray prétendra avoir effectué son premier voyage en Angleterre, pays qui marquera l'essentiel de son Œuvre... mais c'est avant tout dans les textes de Dickens, son auteur de chevet, que Raymond De Kremer puisera les germes d'une britishness plus vraie que nature.

Ce heu... charmant bambin n'est autre que le futur Jean Ray, alors âgé de cinq ans.


        De 1901 à 1903, Raymond est pensionnaire à l'école moyenne de l'Etat de Pecq, dans le Tournaisis. Jean Ray gardera de cette période française un excellent souvenir. L'année suivante, il est inscrit à l'Athénée Royal de Gand, en troisième année des humanités modernes, section industrielle et commerciale... il y obtient les premiers prix de Néerlandais et de gymnastique.
        En 1904, le futur Jean Ray est admis à l'examen d'entrée de l'Ecole Normale de Gand. Il échoue au terme de la première année, et échouera de même l'année suivante, après un redoublement. Ceci met un terme à la vocation pédagogique de Raymond De Kremer... la muse du fantastique lui tend désormais les bras.

        C'est entre 1908 et 1910 qu'on trouve les premières traces des écrits de Jean Ray, essentiellement dans des revues étudiantes. En 1910, Raymond De Kremer entre dans l'administration communale de la ville de Gand. L'année d'après, il signe les couplets français d'une revue, Ze zijn daar. Il commence également à voir publier certaines de ses nouvelles et quelques poèmes.
        L'année 1912 voit célébrer le mariage de Jean Ray avec Virginie Bal, artiste de revue sous le pseudonyme de Nini Balta. Leur fille Lucienne (dite Lulu) naîtra le 7 juillet de l'année suivante.
        Jean Ray, qui travaille dorénavant au bureau des expéditions de la ville (place qu'il quittera en 1919 pour entrer au service d'Auguste Van den Bogaerde, agent de change), ne cesse pas son activité littéraire pour autant : il participe activement à la création de plusieurs revues, comédies et opérettes. Il publie également quelques nouvelles.

        A partir de 1920, Jean Ray commence à participer activement à plusieurs journaux, notamment le Journal de Gand - Echo des Flandres (rubrique théâtrale, puis critique littéraire). Il y publie plusieurs nouvelles qui formeront plus tard les Contes du Whisky.
        Dès 1923, Jean Ray collabore à l'Ami du Livre, dont il deviendra même directeur. Il y publie plusieurs contes. En 1924, néanmoins, on observe un trou dans la biographie de Jean Ray : pendant six mois, on n'a plus trace de cette publication. Jean Ray aurait profité de cette période creuse pour affréter un bateau et se rendre jusqu'aux côtes américaines pour participer activement à la contrebande d'alcool (lire à ce sujet ce texte autobiographique).
        Effectivement, c'est trois mois après son prétendu retour qu'il commencera sa série des Histoires de la Rum-Row (L'"avenue du Rhum", c'est à dire la bande de mer juste au-delà des eaux territoriales américaines, où les gardes-côtes ne pouvaient intervenir pour appréhender les trafiquants).

        L'année 1925 est marquée par un événement important dans la carrière de Jean Ray : la parution des Contes du Whisky, qui connaîtront un certain succès (même s'ils sont marqués du "D" de Dangereux dans les ouvrages de référence catholiques !).

Jean Ray à l'époque de la publication des Contes du Whisky.


        En 1926, un scandale financier éclate (on parle de détournement de fonds pour approvisionner la contrebande d'alcool, voire de trafic d'armes), impliquant l'agent de change Van den Bogaerde, et son homme de confiance, Raymond De Kremer, c'est à dire Jean Ray. Après dix mois d'enquête, De Kremer est condamné à six ans et six mois de prison, et à 1500 francs d'amende. Ce tragique événement met entre parenthèses l'activité littéraire de l'auteur gantois, qui voit proches et anciens amis se détourner de lui un à un.

        C'est grâce à Pierre Goemaere, rédacteur en chef de la Revue belge, que Jean Ray retrouve, derrière ses barreaux, le goût d'écrire. Le pseudonyme de Jean Ray étant inutilisable, du fait de son omniprésence dans l'affaire du scandale financier, Raymond De Kremer doit s'en trouver un nouveau. Après avoir hésité entre Jean M. Gloom et John Flanders, il optera finalement pour le second (en traduisant le prénom "Jean" en anglais, et en empruntant le nom de Moll Flanders, l'héroïne flamande de Daniel Defoe). Jean Ray signera plusieurs textes dans diverses publications, et écrira même certaines de ses plus fameuses nouvelles, à l'exemple de La Ruelle ténébreuse ou du Psautier de Mayence. Jean Ray est finalement libéré par anticipation en 1929, et fort de la réputation "anonyme" que s'est forgée John Flanders, n'a aucun mal à se faire engager comme collaborateur à la revue Ons Land, qui fut la première à publier des textes signés John Flanders.

        La décennie 1930-1940 est une période d'intense production littéraire et journalistique pour Jean Ray / John Flanders. Jugez plutôt : il collabore à la Revue Belge, au Bien Public dès 1932 (année qui voit dans cette publication la parution en épisodes du roman Jack-de-Minuit), il devient correspondant à Gand du quotidien anversois De Dag à partir de 1934... il rédige de surcroît des critiques littéraires et une chronique judiciaire (!) dans la revue Les Débats. En outre, il fournit dès 1932 plusieurs textes humoristiques et de fiction à la revue Mon Copain, un reportage sur l'Abyssinie pour le Magazine Belge. Et l'auteur n'en figure pas moins plusieurs fois dans les colonnes du quotidien La Flandre libérale.
        Ces collaborations auraient de quoi combler tout stakhanoviste de la plume, mais Jean Ray est d'une autre trempe : dès 1931 paraissent de surcroît les fascicules de Harry Dickson "traduits" par ses soins (et qui seront publiés jusqu'en 1938).
        Sous le pseudonyme de John Flanders, Jean Ray signe également de nombreux textes pour la jeunesse (la fameuse série des Vlaamse Filmpjes (en néerlandais) et Presto-Films (en français) pour les éditions Altiora d'Averbode). Entre 1936 et 1940 paraît la bagatelle de 250 contes, ce qui a valu à John Flanders une réputation un peu réductrice d'auteur exclusif pour la jeunesse.
        Les lecteurs retrouveront le nom de Jean Ray, que l'auteur utilise pour la première fois depuis sa libération, à la parution de La Croisière des Ombres (1932), recueil qui ne connaîtra pas le succès malgré la qualité des nouvelles qui le composent.
        Signalons aussi que Jean Ray figure en 1934 et 1935 à quatre reprises au sommaire du prestigieux magazine américain Weird Tales (qui publie des auteurs comme Lovecraft ou Robert E. Howard) ainsi que dans Terror Tales et Dime Mysteries, essai qui ne sera malheureusement pas transformé auprès du large lectorat de ces revues.

        Si la décennie 1930-1940 est une période d'intense création pour Jean Ray / John Flanders, il est couramment admis que c'est la décennie suivante qui voit éclore ce qui deviendront ses œuvres maîtresses. La guerre suspend en effet nombre de publications auxquelles collaborait un Ray chroniqueur et journaliste, et le forçat de la plume se tourne naturellement vers la rédaction de fictions plus longues et de romans. Après quelques mois de stagnation, paraît en 1942 (alors que Ray célèbre le mariage de sa fille) Le Grand Nocturne, qui présente en volume certaines des nouvelles les plus fameuses de Jean Ray (on pense en particulier au Psautier de Mayence ou à la Ruelle ténébeuse, déjà parues dans La Croisière des Ombres, et régulièrement sélectionnées depuis par les anthologies les plus variées).
        L'année 1943 voit la parution d'un autre fameux recueil de nouvelles : Les Cercles de l'épouvante, dédié à la mémoire de Gustave Vigoureux. Cependant, cette même année est marquée par deux autres opus, parus coup sur coup, et destinés à devenir la clé de voûte de la cathédrale littéraire de l'auteur : Malpertuis et La Cité de l'indicible peur. Jean Ray fait alors paraître ses livres aux éditions des Auteurs Associés, à côté d'autres auteurs belges réputés, comme Thomas Owen ou Stanislas-André Steeman.

Jean Ray à l'époque où il publie ses chefs-d'œuvre aux Auteurs Associés.


        En 1944, Jean Ray signe un autre recueil d'importance, Les Derniers contes de Canterbury. Cette même année voit l'arrestation à la libération de toute la rédaction du journal De Dag (auquel il collabore depuis dix ans). Seul, Jean Ray ne sera pas inquiété : il aurait protégé de la Gestapo un rédacteur qui fournissait de faux papiers à des étudiants pour les sauver de la déportation.

        Si Jean Ray continue d'approvisionner divers journaux et revues en contes et nouvelles, il faut cependant attendre 1946 pour trouver une nouvelle étape importante dans sa bibliographie. Il reprend tout d'abord sa collaboration avec les éditions Altiora qui publiaient ses Vlaamse Filmpjes avant guerre. Jean Ray fournit en outre plusieurs publications pour la jeunesse en contes, feuilletons, récits d'aventures, et scénarios de bandes-dessinées. Mais l'année 1946 est surtout marquée par une réédition augmentée des Contes du Whisky, et par la publication d'un recueil d'histoires de John Flanders intitulé Mystères et Aventures (il s'agit en fait d'une compilation de six Presto-Films).
        C'est enfin en 1946 que Jean Ray fait la connaissance de Roland Stragliati, alors cinéaste (qui songe à adapter La Cité de l'indicible peur), qui sera quelques années plus tard, en tant qu'anthologiste, à l'origine du lancement de Jean Ray en France.

         Au risque d'être répétitif, l'année 1947 est également une année littéraire faste pour Jean Ray avec en premier lieu la parution du Livre des Fantômes, un de ses meilleurs recueils de nouvelles fantastiques. Il compose également l'anthologie La Gerbe noire où il recense et présente lui-même treize histoires noires et fantastiques...
        Jean Ray reprend cette même année sa collaboration assidue avec plusieurs dizaines de publications belges ou hollandaises: journaux quotidiens, revues poétiques, presse pour la jeunesse (dont Tintin qui publiera une quarantaine de nouvelles et Mickey Magazine !)...
        L'année suivante, en 1949, Jean Ray participe également à l'hebdomadaire Tout.

        Ce qu'on pourrait appeler la légende de Jean Ray commence alors que se finit la décennie. En novembre 1950, Jean Ray signe une lettre à Roland Stragliati à laquelle il joint un curriculum vitae qui fait encore bien souvent autorité... et selon lequel le Maître de Gand tiendrait son nez busqué de ses origines indiennes directes : sa grand-mère, authentique squaw sioux, aurait été séduite par son aventurier de grand-père (ses deux paisibles ancêtres n'ont bien entendu jamais quitté la Flandre). De plus, Jean Ray s'invente un glorieux mais ténébreux passé de vieux loup de mer, l'un des derniers écumeurs des océans (vous pouvez lire un exemple de récit autobiographique de Jean Ray avec ce texte de 1963)... c'est cependant grandement à partir de cette biographie fantaisiste que va se forger la notoriété de l'auteur dans l'Hexagone. Roland Stragliati fait effectivement publier en juin 1951 dans le n°41 de Mystère-Magazine, dirigé par Maurice Renault, la nouvelle intitulée La main de Goetz von Berlichingen. Vous pouvez vous mettre dans la peau du lecteur français de 1951 en lisant ici le texte introductif de la nouvelle, qui présentait pour la première fois l'auteur et son œuvre au large public hexagonal (document historique !).

        En 1952, Jean Ray commence sa collaboration avec l'une des publications qui va voir paraître la plupart de ses meilleures nouvelles : Les cahiers de la Biloque, revue belge d'humanisme médical (cette collaboration durera jusqu'à la mort de Jean Ray). Les contes et les nouvelles parus dans cette revue dirigée par Urbain Thiry (qui présentera quelques années plus tard Jean Ray à celui qui allait devenir l'un de ses plus fidèles amis : le dramaturge Michel de Ghelderode) seront réunies dans deux recueils posthumes, Le Carrousel des maléfices et Les Histoires étranges de la Biloque.
        Autre collaboration notable entamée cette même année 1952 (et achevée en 1958) est celle qui s'engage avec la revue Golf, organe officiel de la fédération royale belge de golf. Une fois encore, les nouvelles, parues sous le titre générique Les contes golfiques, donneront lieu à la parution d'un recueil posthume intitulé Les Contes noirs du Golf.

        Ces diverses collaborations occupent l'essentiel de l'activité littéraire de Jean Ray, qui part s'installer chez sa fille en 1954, peu de temps avant le décès de son épouse Virginie Bal, qui survient en avril 1955.
        Toujours en 1955, Jean Ray compte au nombre des collaborateurs de la jeune revue Audace (qui publie également Michel de Ghelderode). De plus, Malpertuis est l'un des tout premiers titres à être publié par la collection Présence du Futur des éditions Denoël, promise à une grande renommée toujours mesurable de nos jours. Parmi les partisans de Jean Ray aux éditions sus-nommées, Roland Stragliati et Raymond Queneau, et parmi les premiers auteurs publiés à ses côtés chez Présence du Futur, H. P. Lovecraft, Ray Bradbury, et Fredric Brown...
        Alors que la réputation de Jean Ray va croissant en France, la revue Audace publie la nouvelle Dents d'or. Cette nouvelle sera élue par les lecteurs meilleure nouvelle de l'année 1956, et vaudra à son auteur un prix de 2500 francs belges.
        Bien entendu, Jean Ray poursuit toujours sa collaboration avec les éditions Altiora, fournissant quatre ou cinq récits par an (en néerlandais), alors que ses nouvelles paraissent régulièrement dans Les cahiers de la Biloque et Audace.

        C'est pendant l'hiver de 1959-1960 que Jean Ray rencontre Alain Resnais chez Henri Vernes. Le cinéaste de la Nouvelle Vague souhaitait adapter sur grand écran les aventures de Harry Dickson. Hélas, le projet n'aboutit pas bien qu'un script ait été élaboré (quelques informations sur ce projet sur la page des prolongements de Harry Dickson).
        C'est également en 1960 que commence la grande amitié qui unit Jean Ray à Michel de Ghelderode. Ils échangeront dès lors une correspondance abondante et assidûe. Il publie également cette même année le prélude à Saint-Judas-de-la-nuit, destiné à devenir son dernier roman.

        L'année 1961 est incontestablement une année-charnière dans l'Oeuvre de Jean Ray. A la demande d'Henri Vernes, l'auteur gantois opère une sélection de ses contes fantastiques afin de composer une anthologie dans la collection Marabout, publiée à Verviers par l'éditeur André Gérard. Il en choisit finalement vingt, qu'il envoie à l'éditeur sous le titre "Le Chant des Ténèbres". L'éditeur en sollicite cinq de plus, et Henri Vernes (qui présente le livre) propose alors le titre Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques qui sera finalement adopté. Contre toute attente, le recueil est un véritable succès, et Jean Ray est bientôt encensé par la critique, qui voit en lui le plus grand auteur fantastique vivant, et l'égal de maîtres tels qu'Edgar Allan Poe ou H. P. Lovecraft. Pour Raymond De Kremer, c'est enfin la gloire.
        Le public et les média s'emparent alors du personnage Jean Ray, toujours plus sollicité par la presse écrite, la radio et par les organisateurs de conférences et de salons du livre.
        En 1962, Jean Ray a la tristesse de perdre son ami Michel de Ghelderode, qui s'était réjoui de tout son coeur de la consécration naissante quoique tardive de son camarade. Il lui écrira, quelques mois avant de mourir: "La gloire te saute au cou ! La vache ! Qui vient toujours à son heure -trop tard, quand nous ne l'attendons plus. Elle est femelle, bien sûr, et on la subira, comme je la subis, cette belle emmerdeuse !..."
        Peu de temps avant sa mort, Michel de Ghelderode avait eu lui aussi le bonheur de voir ses Contes Crépusculaires "maraboutés", pour reprendre sa savoureuse expression.

        Marabout poursuit la réédition des oeuvres de Jean Ray en proposant en 1962 Malpertuis. Le 14 octobre, Jean Ray célèbre ses 75 ans à l'Abbaye d'Averbode (siège des éditions Altiora qui publient ses écrits pour la jeunesse). Le dessinateur Renaat Demoen (qui illustre les couvertures des Presto-Films écrits par Jean Ray) lui offre à cette occasion son portrait en pirate que vous pouvez admirer au bas de l'accueil de ce site !
        C'est en outre en décembre 1962 que Jean Ray fait la connaissance de l'écrivain français Claude Seignolle avec qui il entretiendra une grande complicité.

        Le 24 avril 1963, Jean Ray reçoit le prix des Bouquinistes, qui est destiné à attirer l'attention du public sur un auteur dont la qualité n'a pas été, jusqu'à présent, suffisamment mise en lumière. En l'absence de Jean Ray, le prix est remis à Mme Lion-Levie, attachée culturelle à l'ambassade de Belgique, par Marcel Allain, le co-auteur de Fantômas. L'année 1963 voit également paraître chez Robert Laffont le premier tome des quatre que comprendront les Œuvres Complètes de Jean Ray, pendant que Marabout réédite Les Derniers contes de Canterbury. Jean Ray est également interviewé par Pierre Dumayet pour son émission Lectures pour tous, qui sera diffusée sur l'O.R.T.F. le 6 novembre 1963.

Jean Ray, l'auteur reconnu, à la fin de sa vie.


        Le 10 janvier 1964, le Théâtre Royal de la Monnaie donne le ballet intitulé La Bague, inspiré d'une nouvelle de Jean Ray parue dans Les Contes du Whisky : Josuah Güllick, prêteur sur gages (Cette nouvelle avait été publiée aux Etats-Unis en 1934 dans le "pulp" Weird Tales sous le titre The Aztec Ring). Cette même année, le numéro 126 du magazine Fiction (référence française en matière de fantastique et de science-fiction) est un Spécial Jean Ray. Pour l'occasion, le magazine propose quatre nouvelles de l'auteur inédites en France, une nouvelle de Thomas Owen mettant Jean Ray en scène, ainsi que des articles de Jacques Van Herp et Albert Van Hageland.

        Alors que le cinéma s'apprête à célébrer l'un de ses plus grands romans (La Cité de l'indicible peur) par l'intermédiaire de Jean-Pierre Mocky et sa Grande Frousse, que Robert Laffont poursuit l'édition de ses Œuvres Complètes, et que le catalogue de Marabout pour 1964 prévoit la parution d'anthologies inédites (Le Carrousel des Maléfices, et Les Contes noirs du Golf), Jean Ray meurt chez lui d'une crise cardiaque, le 17 septembre 1964, entouré de sa fille et de son beau-fils. Le docteur Urbain Thiry, son ami de la Biloque, constatera le décès. Jean Ray avait 77 ans.

        Jacques Van Herp écrivit à Claude Seignolle:
"Jean Ray est mort sans s'en apercevoir, d'une crise cardiaque. Il se portait fort bien ces derniers jours, il avait retrouvé sa voix claire, son dynamisme. Puis jeudi matin, après avoir passé une mauvaise nuit, il s'est effondré comme une loque; pour se relever, se redresser et tomber enfin, comme si la mort ébréchait sa faux contre ce fil tenace. Il est mort debout, sans s'en rendre compte, lui qui avait si peur de la mort. Il l'avouait ces derniers mois, n'osant s'endormir par crainte de ne pas se réveiller."

        Jean Ray repose auprès de sa femme, à Gand, dans le cimetière de Westerbegraafplaats.